The Dragon's Secrets
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 Les microbes sont nos amis

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lelorrain
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MessageSujet: Les microbes sont nos amis   Les microbes sont nos amis EmptyDim 12 Nov - 20:44

Les microbes sont nos amis

« Culture générale » contient le mot « général », ce qui signifie qu’elle ne se limite pas à la littérature et la mythologie ; voici donc une petite histoire des armes biologiques, ou comment utiliser les microbes de façon rigolote.


Avant-propos

Les informations publiées concernant les armes biologiques sont souvent très partielles et biaisées en raison du secret im posé par les autorités politiques ou militaires, ou du caractère tendancieux reflétant l'idéologie politique de l'auteur. Les informations qui suivent sont du domaine public et fondées sur des documents déclassifiés. Cependant, le lecteur est prié de garder une distance critique par rapport à ces informations qui, bien que publiées, sont difficiles à vérifier. De plus, beaucoup d'activités concernant les armes biologiques restent inconnues ; ce qui suit n’est donc en aucun cas une liste exhaustive de ce qui a été fait. L'aspect clinique des différentes maladies transmises par des agents utilisés dans la guerre biologique n'est pas le sujet de cet article.


Les précurseurs

En 700 avant JC, les Assyriens contaminent les réserves d’eau de leur ennemis avec de l’ergot de seigle. C’est dans ce champignon parasite qu’on a découvert, bien plus tard, le LSD, une drogue hallucinogène très puissante qui provoquait encore au XX e siècle des accidents dus à de la farine de seigle contaminée.
A la même époque, les archers scythes empoisonnaient les pointes de leurs flèches en les plongeant dans du purin ou des cadavres putréfiés.
En 1155, durant le siège de Tortona, l’empereur Barberousse utilisera des cadavres pour rendre l’eau des puits impropre à la consommation.
La ville fortifiée de Caffa, située en Crimée au bord de la Mer Noire (aujourd'hui Feodosia), était le port des marchands de Gênes, point de rencontre entre les chemins de caravane d'Asie et les voies maritimes à destination de l'Italie. En 1346, une armée de Mongols a assiégé la ville pour tenter d'expulser les Génois. En même temps, la peste s'était déclarée en Crimée, amenée par des caravanes provenant de la Chine. En 1348, au cours de la troisième année de siège, l'épidémie toucha le camp des assiégeants, faisant des milliers de victimes. Leurs cadavres furent alors projetés par-dessus les murs de la ville pour tenter de propager la maladie, ce qui semble avoir réussi. Il est toutefois difficile d'affirmer que c'est la projection de ces cadavres et non un mécanisme plus naturel qui a été à l'origine de la propagation de la peste chez les Génois. Ceux-ci durent abandonner la ville et se réfugier sur leurs bateaux. En rentrant chez eux, ils ont véhiculé la peste en Sicile, en Sardaigne, en Corse et finalement à Gênes en 1348, d'où elle s'est répandue en Europe.
Dans sa description du siège de Carolstein en 1422, Varillas mentionne aussi l'utilisation de catapultes pour projeter des cadavres de soldats dans la ville ainsi que le contenu de «2000 chariots chargés d'excréments humains»: un grand nombre des défenseurs auraient été victimes d'une «fièvre». Cette tactique sera utilisée à différente reprise durant le moyen-âge.
L’article 57 du traité de Strasbourg, signé en 1675 entre la France et la Prusse, stipule qu’aucun des
belligérants n’utilisera de balles empoisonnées.
Lors du siège de Reval (Estonie) en 1710, les russes utiliseront des cadavres de personnes décédées de la peste pour contaminer la ville tenue par l’armée suédoise.
En 1763, le colonel Ecuyer, commandant de Fort Pitt, assiégé par les Ottawa du chef Pontiac, leur offre des couvertures et un mouchoir contaminés par la variole à l’occasion de pourparlers, avec l’approbation de Lord Jeffrey Amherst, commandant en chef des forces anglaises en Amérique du Nord. Là aussi, il est difficile de savoir si l'épidémie de variole qui a suivi a été la conséquence de ce stratagème ou a plutôt été due à la propagation naturelle de la variole importée par les européens. Il faut dire que la variole est l’une des nombreuses maladies inconnues en Amérique avant l’arrivée des européens, comme la grippe, la rougeole, le typhus et la peste, et que les indiens, non immunisés, y étaient donc particulièrement sensibles : alors que dans l’ancien monde le taux de mortalité de la variole variait entre 40 et 60 %, il atteignait chez les indiens 90 à 95 %.
Durant le siège de Mantua en 1797, Napoléon a utilisé la fièvre des marais pour accélérer la reddition des assiégés.
En 1863, les confédérés du général Johnston se retirant depuis Vicksburg empoisonnèrent les puits pour ralentir l’avance du général Sherman.


Le début du XXe siècle

Depuis le début du 20e siècle, les connaissances en microbiologie et en épidémiologie ont ouvert la voie au développement plus systématique des armes biologiques. On se mit donc à en étudier l’utilisation et les effets de façon plus scientifique, et donc plus efficace. Ainsi, aux Philippines en 1900, les USA infectent des prisonniers avec la peste afin d’étudier la maladie.
Pendant la première guerre mondiale, l'Allemagne a tenté d'infecter des animaux destinés au ravitaillement des troupes alliées avec la fièvre aphteuse, et le Baron Otto Von Rosen est arrêté en Norvège en 1917 en possession de spores d’Anthrax destinés à infecter le bétail. On rapporte aussi qu'à la même époque, en Mésopotamie, 4500 mules qui devaient servir l'armée française ont été contaminées avec Burkholderia pseudomallei (mélioïdose ou pseudo-morve). Des moutons de Roumanie prévus pour l'exportation en Russie auraient eux-aussi été contaminés par Bacillus anthracis (charbon, anthrax en anglais) et B. pseudomallei.


Les Japonais

A partir de 1932 et jusqu'à la fin de la guerre, l’armée japonaise va engager plus de 3.000 scientifiques et militaires dans la recherche et l’expérimentation d’armes chimiques et biologiques en Mandchourie et en Chine occupée. Sous les ordres de Ishii Shiro, les Japonais mettent sur pieds les fameuses unités 100 et 731. Ishii Shiro, médecin japonais, était convaincu de l'utilité de la guerre biologique et disposait de soutien dans l'armée, au ministère de guerre et même dans l'entourage de l'empereur. Des dizaines de milliers de civils et de prisonniers de guerre servent de cobayes à ses tests. Ceux qui ne meurent pas du fait des tests sont exécutés.
Le centre de recherche le plus important, connu sous le nom «d'unité 731 », a été créé à proximité de Pingfan, à partir de 1936. Ce vaste complexe comprenait plus de 150 bâtiments sur 6 km2 et 3000 scientifiques et techniciens, dont environ 10% de médecins, y travaillaient en 1941. Plus de 1000 prisonniers ont péri lors «d'expériences» ou ont été exécutés après avoir été exposés à des agents tels que B. anthracis, Neisseria meningitidis, Shigella spp, Vibrio cholerae (choléra), Yersinia pestis (peste), ou d'autres encore. Par exemple, des prisonniers ont été blessés délibérément par des grenades remplies de B. anthracis. L'expérience consistait à exposer sélectivement un membre à la détonation, puis à des températures en dessous de zéro (le reste du corps étant emballé avec des tissus matelassés épais et une protection métallique). Le cours de ces expériences, y compris leur issue fatale atroce, a été minutieusement étudié et consigné dans des rapports illustrés qui comportaient des centaines de pages. On a également rapporté des cas de cobayes humains affamés ou gelés à mort, et même de vivisection.
D'autres essais à large échelle ont été effectués par l'armée japonaise sur la population des zones chinoises occupées. De 1932 à 1945, 11 villes chinoises sont attaquées par l’anthrax, le choléra et d’autres agents. En 1939-1940, des systèmes d'approvisionnement en eau ont été contaminés par Salmonella typhi et Vibrio cholerae provoquant des épidémies de fièvre typhoïde et de choléra. L'unité 731 a également disséminé dans la population de grandes quantités de Rickettsia prowazecki, Vibrio cholerae et des puces infectées par Y. pestis. Ces puces ont été répandues dans les rizières, le long des routes et des chemins et dans le système de distribution d'eau dans la région de Ning Bo. Des centaines de villageois ont péri. La peste, inconnue auparavant, a ravagé la région à partir de 1940. Trois autres épidémies ont suivi en 1941, 1946 et 1947.
Les épidémies de peste en Mandchourie sont rapidement devenues une menace pour les Japonais eux-mêmes : lors d’une attaque à Changteh en 1941, 1700 soldats japonais sont également tués, preuve de la difficulté à contrôler les effets des armes biologiques. Ces épidémies furent jugulées en déplaçant des milliers d'habitants de leur villages, qui ont été incendiés.
En 1945, l'armée japonaise elle-même procéda à la destruction des établissements et à l’exécution des prisonniers survivants. Beaucoup de traces ont ainsi été effacées et l'information provient surtout de l'interrogatoire de prisonniers de guerre japonais après la guerre. Rares ont été les médecins ou les scientifiques de l'unité qui ont exprimé leur opposition à ces activités.
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MessageSujet: Re: Les microbes sont nos amis   Les microbes sont nos amis EmptyDim 12 Nov - 20:45

Les Anglais

Pendant la deuxième guerre mondiale, les Anglais ont dispersés, en 1942 et 1943, des spores de B. anthracis par petites bombes sur l'île de Gruinard, au large de l'Ecosse, tuant dans l'essai un troupeau de moutons.
Depuis lors, cette île a été interdite d'accès en raison de la persistance d'une contamination importante par B. anthracis. Plus de quarante ans et une décontamination de grande envergure en 1986, utilisant 280 tonnes de formaldéhyde diluées dans 2000 tonnes d'eau de mer, ont été nécessaires pour détruire les spores. C'est seulement en 1990, après qu'un nouveau troupeau de moutons soit resté sur l'île sans montrer des signes de maladie, que l'accès a pu à nouveau être autorisé. Certains craignent que des spores persistent en profondeur du sol. L’Allemagne et l’URSS auraient également mené de telles recherches durant la seconde guerre mais il y a peu de références contrôlables disponibles.

Les Américains

En 1942, apprenant que Japonais et Allemands possédaient des armes biologiques, le gouvernement américain entrepris des recherches sur la maladie du charbon, et sur des cultures de rouille, maladie des plantes destinée à détruire le riz japonais et les pommes de terres allemandes, dans la vieille base militaire de Fort Detrick. Il fut également établi que l’OSS (les services secrets américains de l’époque, ancêtre de la CIA) se servi de staphylocoques pour faire tomber malade Hjalmar Schacht, le haut dignitaire na zi président de la Reichsbank et cerveau financier du IIIe Reich, afin de l’empêcher de participer à une conférence économique majeure. Cette dernière opération fut l’une des rares (et peut être la seule) tentatives d’empoisonnement jamais réussie par les services américains.
Dès la fin de la deuxième guerre mondiale, les forces victorieuses n'ont pas tardé à recruter les meilleurs experts japonais pour leur propre recherche dans le domaine en échange de l’absence de poursuite. Cela explique peut-être pourquoi, parmi les 5000 soldats japonais jugés pour crimes de guerre, aucun n'appartenait aux unités de recherches sur les armes biologiques ! Seuls quelques subalternes seront capturés et jugés par les Russes et les Chinois. Le Dr E.V. Hill, alors Chef des Sciences de base à Fort Detrick, aurait déclaré que les recherches japonaises «représentent des données obtenues aux prix de millions de dollars et d'années de travail» et «qu'une telle information ne peut être reproduite dans nos laboratoires en raison des scrupules envers l'expérience avec des humains».
Le programme américain s'est développé depuis la guerre de Corée. De nombreuses allégations d’usage d’armes biologiques par les USA contre la Corée du Nord furent émises mais n’ont à ce jour jamais été établies. Les allégations portaient sur l’usage d’anthrax, de la peste et de la fièvre jaune.
Le centre de recherche à Fort Detrick comprenait notamment une chambre pour tester les explosifs et les aérosols: il s'agissait d'une sphère métallique d'un contenu d'un 1000 m3. Des tests furent effectués sur des animaux mais aussi sur des humains volontaires, membres de l’Eglise Adventiste du Septième Jour, qui refusaient de porter les armes en raison du « Tu ne tuera point » de l’Ancien Testament mais acceptèrent de servir de cobayes. Ces objecteurs de conscience furent ainsi exposés à des agents comme F. tularensis et Coxiella. burnetti (fièvre Q). Des essais de dissémination par avion eurent lieu dans le désert de l’Utah : le test était effectué sur des animaux, mais un des pilotes et trois soldats qui coupaient la circulation un peu plus loin tombèrent malades. Deux employés du laboratoire sont aussi décédés d'une infection accidentelle à B. anthracis en 1951 et 1958 Le laboratoire a été transformé après l'abandon officiel des armes biologiques en 1969.
Au début des années 50, pour évaluer la vulnérabilité du pays à une attaque biologique, l’armée américaine mena des tests clandestins avec Serratia marcescens, une bactérie supposée inoffensive capable de pousser sur différentes farines en produisant un pigment rose ou rouge. Depuis le début du Moyen Age, plus de cent épisodes documentent l'apparition miraculeuse de sang sur du pain due à S. marcescens. En 1819, l'apparition du «sang du Christ» sur de la polenta avait semé la terreur chez des paysans italiens. Ils craignaient une punition divine, car le maïs avait été frauduleusement détourné lors de la famine de 1817. Une fois identifiée et privée de sa réputation miraculeuse (et de son beau nom transitoire de Chromobacterium prodigiosum), cette bactérie colorée a longtemps été considéré comme non-pathogène. En 1950 et 1952, Serratia marcescens a été répandue dans l'océan devant la ville de San Francisco. Le germe a ensuite pu être cultivé à partir de différents sites à l'intérieur de la ville et jusqu'à 80m du bord de mer. Le problème est que cela déclencha une épidémie : onze cas d'infections urinaires (toutes chez des patients ayant subi des sondages urinaires) et un décès dû à une endocardite à Serratia ont été constatés en 1951 au Stanford University Hospital à San Francisco, montrant pour la première fois le rôle pathogène de ce germe.
De fausses attaques furent également lancées sur des dépôts d’approvisionnement de la marine de Mechanicsburg (Pennsylvanie) et de Norfolk (Virginie), ainsi que sur les villes de Saint Louis, Minneapolis et Winnipeg, dont le climat et la taille étaient comparables aux principales villes soviétiques, telles que Kiev, Leningrad et Moscou.
En 1955 la CIA procède à une expérience d’aérosolisation de substances supposées non toxiques en Floride (Tampa Bay). 12 décès surviennent parmi la population exposée. En 1956 - 1958 l’US Army procède à un test
de largage de moustiques porteur d’une forme atténuée de la fièvre jaune a Savannah (Georgie) et à Avon Park (Floride). Les détails de ces opérations sont toujours classifiées.
En 1966 l’US Army fait éclater des capsules contenant des bactéries dans le métro de New York. afin d’étudier les
effets possibles dans le cas d’un usage d’arme biologique par les forces du pacte de Varsovie, tandis que l’US Navy entreprend l’Opération Autumn Gold : afin de tester la vulnérabilité de ses navires à une attaque chimique, un convoi (USS Navarro APA 215, USS Carpenter DD 825, USS Hoel DDG 13, USS Tioga County LST 1158) est survolé à neuf reprises par des avions qui répandent un traceur biologique, Bacillus globigii, une bactérie considérée
comme inoffensive mais qui a un comportement semblable à l’Anthrax. En 1968 – 1969 la CIA expérimente la possibilité d’empoisonner l’eau de distribution en contaminant les réservoirs d’eau de Washington par un traceur.

Après la démission de R. Nixon, en 1974, des enquêtes menées par des dirigeants démocrates révélèrent que l’armée et la CIA avaient stocké et même tenté d’utiliser des germes pour l’assassinat de dirigeants étrangers. En voici deux exemples : peu après l’indépendance du Congo, l’administration Eisenhower tenta d’en empoisonner le premier ministre, Patrice Lumumba, par de la toxine botulique, afin d’éviter qu’il ne s’allie aux Soviétiques. Après l’incident de la baie des cochons, l’administration Kennedy tenta d’éliminer Castro (qui aimait la plongée sous-marine) avec un équipement de plongée infecté par deux germes : un champignon toxique dans la combinaison, et le bacille de Koch (tuberculose) dans l’équipement respiratoire. Toutes ces tentatives échouèrent lamentablement : Lumumba fut tué par des rebelles qui s’emp arèrent du pouvoir, et jamais les USA ne parvinrent à éliminer Fidel Castro.
Ce sont également ces enquêtes qui révélèrent les tests grandeur nature effectués par l’armée décrits plus haut. En 1976 le Sénat Américain contraint l'armée à stopper les expériences utilisant Serratia comme germe «non-pathogène».
En 1981 une épidémie de dengue touche Cuba, et en 1985 une épidémie semblable éclate à Managua, capitale
du Nicaragua. Certaines sources y voient l’action de la CIA qui aurait utilisé des moustiques vecteurs de la maladie.
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MessageSujet: Re: Les microbes sont nos amis   Les microbes sont nos amis EmptyDim 12 Nov - 20:46

Les Soviétiques

En Union Soviétique, une vaste organisation nommée «Biopreparat» a développé des armes biologiques prêtes à l'emploi pour différents scénarios de guerre biologique, par exemple en les logeant dans des têtes de missiles intercontinentaux. Créée en 1973 (année de signature du traité interdisant les armes bactériologiques) et dirigée clandestinement par l’Armée Rouge, cette énorme organisation comptait à son apogée, à la fin des années 1980, plus de 30 000 personnes, réparties dans plus de 100 installations dispersées à travers toute l’URSS, et dotée d’un budget annuel proche du milliard de dollars. Elle a été dissoute après la désintégration de l'Union Soviétique. Une grande partie de son activité reste inconnue ou est sujette à des spéculations diverses ; Moscou continue d’interdire l’accès aux sites situés en Russie, mais certains pays ayant récupéré leur indépendance après l’éclatement de l’URSS en 1990 acceptèrent d’ouvrir les leurs à des enquêtes.
L’une des principales unités de production, située à Stepnogorsk, au Kazakhstan, fut visitée en 1995 par des missions américaines qui y découvrirent 10 cuves de fermentation de 20 000 litres chacune, de quoi produire 300 tonnes de bacille du charbon tous les 7 mois (en théorie, il suffit de 100 g pour dépeupler entièrement une petite ville).
Des scientifiques soviétiques passés à l’ouest, comme Ken Alibek et Vladimir Pasechnik, ou d’autres ayant accepté de collaborer avec les américains après 1990, comme Lev Sandakhchiev, ont également donné des renseignements sur les activités soviétiques dans le domaine des armements bactériologiques, notamment sur des maladies améliorées par génie génétique : Biopreparat a ainsi travaillé sur près de 80 germes et en a mis au point une douzaine à des fins militaires, tels que des germes de la peste et du charbon plus résistants au froid, à la chaleur et insensibles à la plupart des antibiotiques et notamment un super-charbon trois fois plus toxique que le charbon classique, et résistant aux antibiotiques mais aussi aux vaccins. Dans des laboratoires militaires n’appartenant pas à Biopreparat, des nouveaux germes avaient été inventés en hybridant des microbes existants : B. anthracis avec B. cereus, Ebola avec variole. D’autres recherches, menées par le KGB, visaient à mettre au point des toxines capables de modifier l’humeur, le comportement, le rythme cardiaque ou le rythme du sommeil.
Plusieurs accidents eurent lieu : des épidémies de variole dans des régions d’où elle avait disparu, des pêcheurs trouvés morts de la peste dans leur barque suite à un coup de vent malheureux lors d’essais en plein air, des chercheurs contaminés par la morve ou la fièvre Q, dont la mort fut tenue secrète jusqu’à ce que les enquêteurs américains y mettent le nez.
L'accident biologique le plus connu est survenu en 1979 dans la ville de Sverdlovsk (qui s'appelle de nouveau Ekaterinbourg) : au moins 96 personnes ont développé un anthrax, dont 66 sont décédées. En 1994, une investigation épidémiologique a révélé que presque tous les cas d'anthrax séjournaient le matin du 02/04/1979 dans un cône dont la pointe se situait au niveau d'un laboratoire militaire et la base à plus de 4km dans la direction sud-ouest. Quelques cas d'anthrax chez des animaux ont été observés dans des villages situés jusqu'à plus de 50 km au sud-est de la ville, dans le prolongement du même cône. On a pu établir que la distribution des cas d'anthrax avait suivi la direction du vent prédominant ce jour-là grâce à des relevés très précis à l'aéroport de la ville. L'épidémie a tout d'abord été attribuée à de la viande contaminée, mais les examens anatomo-pathologiques évoquaient un anthrax pulmonaire, dont le mode d'acquisition est l'inhalation. En 1991, Boris Eltsine, qui en 1979 était le chef du parti communiste de la région de Sverdlovsk, a déclaré que l'épidémie avait fait suite à un accident survenu dans le laboratoire qui aurait eu pour objectif de produire un vaccin contre le charbon. Un technicien aurait oublié de fermer un filtre de la ventilation et une quantité inconnue de spores d'anthrax aurait pu s'en échapper.
Certains scientifiques du programme russe seraient passé au service de groupes terroristes ou d’Etats comme la Corée du nord, l’Iran et l’Iraq.
Entre 1975 et 1981 les USA accusèrent l’URSS d’utiliser des toxines au Laos, au Cambodge et en Afghanistan : les fameuses attaques à la « pluie jaune ». Malgré de nombreux témoignages, la réalité et le véritable caractère de ces attaques reste obscur : guerre biologique ? chimique ? propagande ? Aucune preuve solide n’a jamais été apportée.


Petit tableau comparatif

Voici un parallèle entre les capacités industrielles maximales de production bactériologique américaines et soviétiques, présenté au début de 1999 par Bill Patrick, responsable du développement des armes bactériologiques,
aux officiers de l’Air Force Counterproliferation Center.
Les chiffres sont exprimés en tonnes d’agent déshydraté par an.


Entérotoxine de staphylocoque B USA : 1,9 URSS : 0
F. tularensis (tularémie) USA : 1,6 URSS : 1500
Coxella burnetii (fièvre Q) USA : 1,1 URSS : 0
B. anthracis (charbon) USA : 0,9 URSS : 4500
Virus de l’encéphalite équine USA : 0,8 URSS : 150
Toxine botulique USA : 0,2 URSS : 0
Yersinia pestis (peste) USA : 0 URSS : 1500
Virus de la variole USA : 0 URSS : 100
Actinobacillus mallei (morve) USA : 0 URSS : 2000
Virus de Marburg USA : 0 URSS : 250


Les Irakiens

A partir de 1974, l'Irak a développé des armes biologiques qui étaient prêtes à l'emploi lors de la guerre du Golf, mais qui n'ont jamais été utilisées. Beaucoup des souches irakiennes avaient été achetées aux USA : ainsi, en 1988, onze souches de germes, dont quatre types de charbon, quittèrent le Maryland à destination de l’Irak. L’une d’elles était d’ailleurs un type de charbon mis au point à Fort Detrick en 1951. Selon des rapports établis entre 1991 et 1995 par des observateurs des Nations Unies, 380 000 litres de toxine botulique et plus de 80 000 litres de spores d'anthrax auraient notamment été produits. Des têtes de missiles SCUD ont été aménagées de manière à pouvoir contenir 145 litres d'un agent biologique. Les réservoirs d'un bombardier F1 ont été développés pour permettre de disperser près de 2200 litres de spores de B. anthracis. En 1987 et 1988, l’armée Irakienne utilise des armes chimiques, mais aussi biologique dans sa lutte contre les rebelles kurdes : Bacillus anthracis (anthrax), Clostridium botulinum (botulisme) Clostridium perfringens (gangrène gazeuse). L’Iraq déploiera également ses armes biologiques pendant la première guerre du Golfe en 1991mais ne les utilisera pas durant le conflit. Les usines de production ont été détruites soit par l'armée irakienne elle-même, soit par les agents des Nations Unies jusqu'en 1995.
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MessageSujet: Re: Les microbes sont nos amis   Les microbes sont nos amis EmptyDim 12 Nov - 20:47

Les cinglés

En 1970 le groupe terroriste d’extrême gauche Weather Underground tente de s’emparer d’armes biologiques à fort Detrick. En 1972 les membres du groupe extrémiste « order of the rising sun » sont arrêtés alors qu’ils projetaient de contaminer l’alimentation en eau de Chicago avec la fièvre typhoïde.

Dans les années 80, la secte des Rajneeshees, établie dans un ranch du comté de Wasco, dans l’Oregon, eut des ennuis juridiques avec les habitants et les autorités du comté. En 1983, le juge William Hulse, lors d’une visite au ranch de la secte, se vit offrir de l’eau, et tomba violemment malade 8 heures après, au point d’être hospitalisé. En l’absence de preuve d’empoisonnement, il ne porta pas plainte. En 1984, la secte, dont les relation avec le reste du comté s’étaient envenimées, contamina des restaurants avec Salmonella typhimurium pour empêcher les citoyens de s’opposer à la secte lors d'un scrutin prévu pour le week-end suivant, provoquant deux vagues d’intoxications alimentaires : près de mille personnes en présentèrent des symptômes, et 751 cas furent constatés, dont 45 nécessitèrent une hospitalisation. L’enquête qui suivi révéla que certains dirigeants de la secte avaient empoisonné des rivaux et des dissidents au sein même de la secte et procédé à des expériences sur l’utilisation de poisons, de produits chimiques et de bactéries, ainsi que des tentatives de meurtre ou d’empoisonnement sur 11 personnes de l’extérieur, dont le procureur fédéral, des fonctionnaires du comté, un journaliste et un ancien disciple qui avait gagné un procès contre la secte. La secte avait commandé et reçu des germes pathogènes, dont Salmonella typhi (typhoïde) Salmonella paratyphi, Salmonella typhimurium, Francisella tularensis (tularémie), Enterobacter cloacae, Neisseria gonorrhoeae (gonococcie) et Shigella dysenteriae (dysentrie), et effectué des expériences sur le virus de l’hépatite. Des sans-abri recueillis au ranch avaient été soumis à un puissant neuroleptique ; des tentatives avaient été faites pour cultiver le virus du SIDA (qui était nouveau et très mal connu à l’époque), et plusieurs membres de la secte témoignèrent qu’une fois au moins il avait été injecté à une personne du sang provenant d’un SDF séropositif.
Cette affaire ayant eu lieu à une époque où les journaux et chaînes télévisées ne se livraient pas à la surenchère médiatique, elle passa inaperçue.

En 1991, Le groupe antifédéral « The Minnesota Patriots Council » utilise du ricin pour assassiner des représentants du gouvernement fédéral.

En mars 1995, des membres de la secte japonaise Aum Shinrikyo (« Vérité suprême ») ont propagé un gaz neurotoxique, le sarin, dans un métro au centre de Tokyo. Parmi les 3800 blessés, plus de mille ont dû être hospitalisés. Douze personnes sont décédées. Les investigations ont permis de découvrir des laboratoires destinés non seulement à la production du gaz sarin, mais également à la production d'agents biologiques comme Bacillus anthracis, Vibrio cholerae (choléra), la toxine botulique et l'agent de la fièvre Q. Certains de ces agents ont été utilisés sans provoquer les dégâts prévus : deux tentatives de dispersion de la toxine botulique en 1990 et 1993 ont été avouées. Une dispersion de spores d'anthrax en 1993 n'a provoqué qu'une mauvaise odeur et des traces brunâtres sur des voitures. On a néanmoins déploré quelques décès d'animaux de compagnie. L'infectiosité des spores avait apparemment (et heureusement) été compromise par les conditions de préparation et de stockage du bacille. Au total, entre 1990 et 1995 la secte Aum avait lancé une bonne dizaine d’attaque bioterroristes au Japon, qui toutes avaient échoué.

En 1998, un microbiologiste a été arrêté aux Etats Unis. Il avait menacé de disperser B. anthracis à Las Vegas. Une vague de menaces d'attaque aux armes biologiques avait suivi cette arrestation. En 2001, une vague d'envoi de spores de charbon dans du courrier postal provoqua la panique aux USA. Deux mois après les premiers envois contaminés, 22 cas d'anthrax ont été diagnostiqués dont 12 cutanés et 10 pulmonaires. Au total, cinq personnes sont décédées.


Et pour finir

Des recherches aurait été entreprises en Afrique du sud durant l’Apartheid, et aussi par des groupes d’extrême-droite, afin de trouver un agent s’attaquant spécifiquement aux populations noires, par exemple en étant sensible aux différences génétiques ou au taux de mélanine cutané.
En 2000, le Sunday Times a prétendu que les israéliens auraient eux aussi un programme de recherche pour une arme biologique « ethnique », mais ciblant les populations arabes.
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MessageSujet: Re: Les microbes sont nos amis   Les microbes sont nos amis EmptyLun 13 Nov - 1:15

J'ai tout lu! Je savais certaines choses mais en ignorais d'autres!
C'est effrayant ce dont est capable la cruauté (l'imbécilité aussi) humaine.

Beau travail de recherche Lelorrain

bigsmurf
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Les microbes sont nos amis
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